Prendre soin de son matériel
Que cela soit pendant mes études ou depuis que j’enseigne, je vois souvent les gens malmener leurs pinceaux. Pour moi c’est un sacrilège de ne pas prendre soin de son matériel ou de le gâcher. Je sais que je suis extrême pour certains, mais même sans parler de gâcher, on ne va pas acheter des pinceaux tous les jours.
C’est comme si vous jetiez par terre votre téléphone après chaque appel ou texto. Il faudrait le changer très souvent. Pour les pinceaux c’est pareil. Si on n’en prend pas soin, ils perdent leurs poils, leurs pointes, leurs souplesse. Bref, ils ne répondent plus à nos besoins et il faut en racheter.
Je vais donc vous donner cinq gestes pour prendre soin de vos pinceaux. On verra aussi à quoi peuvent servir les pinceaux usagés ou abîmés. J’explique pour toutes les peintures, même si pour l’huile on utilise un solvant et non de l’eau.
1. L’écrasement
De nombreuses personnes laissent les pinceaux dans l’eau /diluant tête en bas. C’est le meilleur moyen de détruire vos pinceaux. Certains, comme les brosses dures résisteront plus longtemps à la gravité, mais cela abîme tous les pinceaux. Les poils ne sont pas assez résistants face au poids du manche, qui fini toujours par écraser la pointe. Et vous vous retrouvez avec des poils courbés.
Le truc, c’est de les rincer et de les poser soit sur un chiffon, soit sur un porte couteau. Il existe aussi des godets avec des ressorts pour les coincer tête en bas mais la pointe dans le vide.
Certains les laissent dans l’eau/diluant pour éviter de les rincer tout de suite. Ils pensent que la peinture fera plus de mal. Mais à part pour l’acrylique qui sèche très vite, les pinceaux peuvent rester avec de la peinture, à condition de bien les laver par la suite .
2. Le nettoyage commence par l’essuyage
En effet, beaucoup de personnes nettoient directement leurs pinceaux sans les essuyer avant. Y compris avec plein de peinture dessus. Et pourtant, cela réduit le travail de moitié. En effet, le chiffon va absorber l’excédent de peinture et il ne restera que la peinture entre les poils. Pourquoi perdre du temps et de l’énergie alors qu’un simple geste nous aide ?
Je précise pour les chiffons que n’importe quel bout de tissu absorbant fait l’affaire. Pour ma part, je garde de vieux torchons, essuie mains, et même serviettes, que je découpe en petits bouts. Je les jette une fois très sales. C’est beaucoup plus écologique, économique et efficace que du papier absorbant ou des mouchoirs.
3. Puis par le rinçage
Toujours à notre poste de travail, il y a encore un geste à effectuer, rincer les pinceaux. Certains ont du diluant ou de l’eau exprès, en général j’utilise ce que j’avais pour peindre. En effet je n’ai pas encore de place dédiée et je doit tout ranger après avoir peint. Ici encore c’est une étape pour enlever une part de peinture. Pour l’aquarelle, la gouache, et l’acrylique, j’utilise mon eau et je secoue énergiquement mes pinceaux dedans. Pour l’huile j’utilise le nettoyant écologique très efficace de chez Sennelier, mais le white spirit fonctionne aussi.
4. Enfin le lavage
C’est un peintre en trompe l’œil qui m’avait donné ce truc et depuis je l’utilise pour tous mes pinceaux. Je les frotte sur du savon et je les rince à l’eau. Je recommence du moment que la mousse n’est pas blanche. Là encore, si je les écrase contre le savon je vais abîmer les poils. J’essaye donc de frotter dans le sens du pinceau. Avec mon pouce, je pars de la base des poils et je remonte à la pointe pour bien nettoyer l’intérieur des poils.
Pour le savon, certains utilisent un spécial artiste. J’ai aussi entendu parler d’un savon pour l’aquarelle. Personnellement je prends les chutes de mon savon qui est biologique. Le savon de Marseille est très bien aussi.
Pour la température de l’eau certains disent chaud, d’autres tiède. Pour ma part je ne sais pas si ça influe sur le nettoyage, mais en hiver l’eau tiède est plus agréable, surtout quand on a de nombreux pinceaux à laver.
5. Le rangement
Geste très important puisque qu’on n’a pas passé autant de temps à nettoyer ses pinceaux pour les laisser s’abîmer par la suite. Évidemment on ne les laisse pas la tête en bas, sauf s’il sont suspendus. Et il faut reformer les pointes avant le séchage. Personnellement je les laisse sécher à l’air libre sur mon chiffon avant des les ranger.
Puis j’ai des pots où je les rassemble selon les techniques, aquarelle, gouache, acrylique, huile. Parce qu’on n’utilise pas les même pinceaux pour toutes les techniques, surtout que certaines sont plus agressives pour les poils. J’ai aussi une pochette pour certains grands pinceaux. Pour le protège pointe en plastique, attention en le remettant, souvent des poils se coincent et on fait plus de mal que de bien. Je les garde si je transporte mes pinceaux.
J’ai aussi eu une mésaventure avec des mites qui m’ont mangé des pinceaux chinois. Mais c’était des pinceaux dans des boîtes, alors que ceux à l’air libre n’ont rien eu. Depuis je fais la chasse aux mites de manière active.
Que faire des pinceaux abîmés ?
Surtout ne les jetez pas. Certains pourront faire des effets, par exemple de feuillage pour ceux aux poils écartés. Vous pouvez aussi les utiliser pour une autre technique. Un pinceau qui ne réagit plus très bien pour l’aquarelle pourra servir avec de la gouache ou de l’acrylique.
Vous pouvez aussi les finir pour utiliser du liant acrylique ou de la colle blanche. Ces deux médiums attaquent les poils même très bien rincés. C’est pourquoi il vaut mieux utiliser de vieux pinceaux.
Enfin le géant des beaux arts les récupère contre un pourcentage sur des nouveaux pinceaux. C’est une offre intéressante, mais personnellement je n’ai pas encore eu à m’en servir. En effet, je pratique aussi la céramique, et je récupère les pinceaux sans poils pour en faire des outils. En art beaucoup d’objets peuvent être détournés .
Soin des pinceaux : ok
Maintenant que vous savez tout pour faire durer vos pinceaux, bonne peinture ! Pour en apprendre plus sur le mélange des couleurs, lisez l’article : Apprentissage de la couleur en 10 étapes.