La peinture comme médium pour la couleur.
Je vous livre ici 10 étapes pour l’apprentissage des couleurs à travers la peinture, applicable à la maison, sur des temps scolaires ou para-scolaires. Ces étapes sont à adapter à la vitesse d’apprentissage des enfants. Ce sont bien sur des outils qui complètent un apprentissage global. Ces étapes sont issues de séances ou d’ateliers que j’ai pu moi-même mener. N’hésitez pas à me contacter pour des cours ou des formations.
Dernièrement j’intervenais dans une classe de CP pour une activité peinture. Avant de commencer petit échange avec les élèves sur les couleurs. À ma grande stupéfaction ainsi que celle de l’enseignante, aucun élève ne connaissait les mélanges. Rouge et jaune donnait aussi bien noir que blanc, beige ou vert. En concertation avec l’enseignante j’ai modifié mon intervention pour aborder une notion importante, normalement acquise dès la maternelle.
En faisant des recherches pour documenter cet article par rapport aux programmes de l’école, je n’ai pas trouvé de consignes explicites pour l’apprentissage de la couleur en elle-même. Les indications d’âge ou de classe que je donnerai seront donc subjectives, mais peuvent vous guider.
La découverte des couleurs, expérience sensorielle (maternelle).
Ces trois premières étapes sont issues de la méthode Montessori, qui travaille beaucoup sur la reconnaissance des couleurs. Pour ces étapes, l’enfant doit avoir à sa disposition de la peinture, des pinceaux et de nombreux papiers. Pour la peinture, utilisez de la gouache, il y en a pour les touts petits. N’oubliez pas le tablier et de protéger le coin peinture.
Donnez de petites quantités dans un récipient (pot de yaourt…) ou utilisez de la gouache en godets, quitte à scotcher les autres couleurs pour les rendre non accessibles.
Le mieux pour ces étapes est de commencer dès que l’enfant montre un intérêt pour les couleurs. Mais il est aussi intéressant de les effectuer une fois quelques couleurs apprises. Dans ce cas l’étape 1 ira plus vite.
1. Travail sur une couleur.
Il s’agit pendant une semaine de ne travailler qu’une des trois couleurs primaires (rouge, bleu, jaune). Il faut donc laisser à l’enfant uniquement des outils de cette couleur, et mettre de côté tous les autres. Donc, en parallèle de la peinture, enlevez tous les crayons, feutres, ou pastels des autres couleurs.
Pour l’accompagner durant cette semaine, faites remarquer et nommer tous les objets de cette couleur. Selon les enfants, il peut être nécessaire de faire durer plus ou moins longtemps (chaque enfant a son propre rythme).
2. Mélange de deux couleurs
Après trois semaines sur trois couleurs, voici le temps de découvrir les premiers mélanges. Toujours selon le même principe, une semaine pour explorer un mélange de deux couleurs. Attention, c’est bien un mélange et non la couleur déjà produite.
On donnera donc, du rouge et du jaune, du jaune et du bleu, puis du bleu et du rouge. L’enfant va expérimenter le mélange et découvrir les couleurs secondaires, qu’on nommera (orange, vert, violet). De même que pour les trois premières semaines, on lui fera remarquer tous les objets de cette couleur.
3. Mélange des trois couleurs
Pour cette septième semaine, les trois couleurs primaires sont autorisées afin de découvrir le marron (mélange de deux couleurs secondaires ou des trois primaires). Cette semaine n’est pas uniquement dédiée à la découverte mais à la réutilisation des acquis. L’enfant connait désormais les couleurs principales et leurs mélanges.
Les couleurs primaires et secondaires, théorisation de l’expérience (fin maternelle, début primaire).
Ces étapes sont la suite logique des précédentes. Après avoir testé, expérimenté, l’enfant doit le théoriser, le résumer. C’est aussi le moment d’apprendre à écrire et à lire les noms des couleurs. Cela va aussi de pair avec le bon usage de la peinture (nettoyage du pinceau…).
4. Savoir nettoyer son pinceau.
Il est plus facile en groupe (école, colonies, parascolaires…) de proposer des pots de peinture de couleurs différentes avec un pinceau dans chaque pot. Les mélanges sont faits, on gâche moins de peinture Mais les enfants ne savent plus se servir d’un pinceau. Il faut donc leur montrer.
Pour cela en petit groupe, prenez un pinceau, de la couleur, un pot d’eau et un chiffon. Vous mettez de la peinture sur le pinceau, puis vous le rincez dans l’eau et vous l’essuyez sur le chiffon. J’explique que lorsque mon pinceau a de la couleur, il ne peut reprendre que la même couleur. Il faut donc que je le lave avant de l’utiliser pour changer de couleur.
Cela parait intuitif, mais ce simple geste n’est plus expliqué aux enfants. Moi-même lorsque j’ai un groupe, je ne l’explique pas par manque de temps. En fait il faut une séance entière dédiée à l’utilisation du pinceau, de la peinture et du nettoyage. Pour aller plus loin, lisez l’article : 5 gestes pour prendre soin de ses pinceaux.
5. Utilisation d’une palette.
Prenez une palette (couvercle en plastique, barquette ou autre) par mélange, ou qui sera nettoyée entre chaque mélange. Déposez une couleur sur la palette. Rincez le pinceau. Prenez une autre couleur et mélangez-la avec la première sur la palette. Apprenez lui à mélanger petit à petit pour doser la quantité de couleur nécessaire. Il découvrira ainsi les nuances dans les mélanges.
6. Apprentissage : restitution sur papier.
Maintenant que l’enfant sait mélanger et garder les couleurs « propres » proposez-lui de noter les résultats de ses expériences sur papier. Il lui suffit de faire trois cercles ou taches de couleurs : deux et leur mélange. Puis faites-lui écrire les noms des couleurs afin qu’il les associe. S’il n’écrit pas encore, vous pouvez lui faire des étiquettes, ou écrire pour lui.
Commencer par les principaux mélanges, couleurs primaires et secondaires. Il est bien de garder cette trace écrite de manière à ce que l’enfant puisse s’y référer lorsqu’il le veut (cahier, classeur de dessin, affichage au mur …).
7. Nuances : le noir et le blanc.
Le noir et le blanc sont importants, puisqu’en peinture ils ne s’obtiennent pas par mélange. Comme pour les couleurs primaires il faut les acheter.
À présent que l’enfant sait mélanger des couleurs, faites découvrir les nuances claires et foncées. Continuez le travail de restitution en ajoutant ces découvertes.
La notion de dégradé peut être amené à ce moment là. Comme pour le reste, expérimentations puis entraînement et restitution.
8. Entretien des connaissances.
De même que l’enfant doit s’entraîner à lire, à écrier à compter, il doit réviser son apprentissage des couleurs. N’hésitez pas à lui poser des questions sur les couleurs, sur les mélanges. Attention, nous avons tous une vision différente des nuances, par exemple dans le bleu-vert. N’imposez pas votre vision, demandez plutôt quel objet est de la même couleur.
Vous pouvez aussi aller dans le jeu : « je vois un objet rose » et l’enfant doit trouver lequel. Montrez lui un nuancier, allez voir des peintures dans un magasin de bricolage. Faites ranger les vêtements par couleur, ou les jouets. Utilisez le quotidien.
Le cercle chromatique (fin primaire et collège)
Le cercle chromatique est composé des trois couleurs primaires et de leurs mélanges, les couleurs secondaires. Cela forme un cercle avec six couleurs. Il est possible d’ajouter des mélanges entre les couleurs.
C’est une autre manière de représenter les précédents acquis et d’introduire à la physique (la diffraction de la lumière).
9. Les couleurs complémentaires.
Les couleurs complémentaires sont les couleurs les plus opposées sur le cercle chromatique. Mises ensemble elles donnent les contrastes maximums. Cela sert à assortir les couleurs selon ce que l’on veut dire.
Avec le cercle chromatique, il est facile de les repérer, elles se font face. Un autre moyen de s’en souvenir : une couleur secondaire est composée de deux couleurs primaire et elle est complémentaire avec la troisième couleur primaire.
10. Couleurs chaudes et froides.
Les couleurs chaudes sont le rouge, l’orange et le jaune. Les couleurs froides sont le vert, le bleu et le violet. Ici encore c’est une notion pour équilibrer les couleurs selon le message que l’on veut faire passer.
Attention, les couleurs ont des nuances et un vert avec beaucoup de jaune sera plus chaud que froid.
En conclusion sur l’apprentissage de la couleur.
Pour aller plus loin les outils numériques permettent de créer des mélanges des couleurs. Par exemple le site d’Adobe, où on peut réaliser des thèmes de couleurs.
En art comme dans le reste laissez les enfants expérimenter. Ce n’est pas parce qu’ils ne vont pas produire quelque chose de fini qu’ils n’auront rien appris, bien au contraire. Passer des heures à découper des traits d’un cm exercera leur dextérité, de même que de mélanger les couleurs les aidera dans leur apprentissage du monde. En effet, la lecture n’est-ce pas B + A = BA ?
J’ai retravaillé avec les mêmes enfants pour une deuxième séance. Je vous en dis plus dans cet article. Vous découvrirez ce qu’ils ont retenus de mon apprentissage.