Les conservatoires, vous en avez certainement entendu parler. Les écoles d’arts-plastiques, c’est moins certain. Et pourtant il y en a dans de nombreuses villes en France. J’ai moi-même découvert leur existence il y a quatre ans en déménageant à Narbonne (qui en a une). Alors que j’ai toujours pris des cours d’art.
Je vais vous présenter les différences entre ces établissements. Je ne rentrerai pas dans le détail pour ce qui est des budgets. C’est un autre débat pour lesquels je n’ai pas de données. Je resterai dans le questionnement sur le genre d’enseignement qui est proposé.
En effet le niveau de l’enseignement n’est pas le même et je trouve ça injuste. Je précise aussi que je ne parle pas de la qualité des enseignements. J’ai pour ma part beaucoup appris lors des cours que j’ai pu y suivre. Je m’attarderai donc sur la philosophie et l’orientation pédagogique. Je vous explique tout cela.
Les conservatoires
Établissements publics qui dispensent des enseignements de musique, danse et théâtre. Dans mon article je parle plus précisément des conservatoires de musique. Ceux de théâtre et de danse sont dans une situation entre deux. Moins nombreux que ceux de musique, ils jouissent des avantages du conservatoire.
Ils s’adressent à un public amateur mais aussi à visée professionnelle. Ils s’organisent selon ce classement :
Les conservatoires à rayonnement régional (CRR), à rayonnement départemental (CRD), à rayonnement communal (CRC), et à rayonnement intercommunal (CRI)
Les études sont divisées en trois cycles (de plusieurs années) et permettent la délivrance de certificats ou de diplômes selon les cursus.
Ce qui est important, c’est que les conservatoires permettent une formation professionnelle, en parallèle de la scolarité (dès le primaire). Certains sont même en partenariat avec des collèges et des lycées pour des classes à horaires aménagés.
Les écoles d’arts plastiques
L’appellation
D’abord elles n’ont pas toutes le même nom. Certaines sont rattachées à l’école des Beaux Arts de la ville (qui peut être municipale, régionale, supérieure ou nationale). Ainsi la pratique amateur se trouvera sous le nom d’ateliers publics de l’école des Beaux Arts (en opposition avec l’enseignement post bac).
D’autres se nomment écoles municipales d’arts-plastiques, car elles dépendent directement d’une mairie. Mais elles peuvent dépendre d’une communauté de communes ou de la région. Dans ce cas, le nom peut être géographique ou autre.
Le nom est un frein à la connaissance de ces écoles, y compris géographique. Il m’est arrivée de faire découvrir l’école d’arts plastiques du Grand Narbonne (communauté de communes) à des Narbonnais intéressés par l’art. Quand j’ai expliqué que l’école se situait avec le conservatoire, ces personnes savaient très bien le situer, même sans y avoir pris de cours.
La professionnalisation
La professionnalisation s’effectue après le bac, donc en tant qu’année préparatoire. Seules certaines écoles le proposent, car cela implique un changement de statut des professeurs et de l’école. En effet elles sont alors assimilées à des écoles d’arts d’études supérieures ou à des écoles des Beaux arts.
Les horaires aménagés au collège
Je pensais qu’il n’y en avait pas pour les arts-plastiques. Mais en effectuant des recherches pour cet article, j’en ai trouvé.
La page de l’Onisep recense les collèges en France proposant cette option. Mais vous pouvez constater que la différence est énorme entre les arts plastiques (25) et la musique (329), le théâtre (76) ou la danse (70).
Pour les lycées, il semblerait que ce ne soit proposé qu’aux musiciens (je n’ai pas trouvé pour les autres disciplines, mais ça existe peut-être).
Les différences entre les structures
La communication
Les conservatoires ont un réseau, une communication nationale en plus de celle qui est propre à chaque école. En tapant dans n’importe quel moteur de recherche, vous trouvez la page Wikipédia qui les recense, et la page du ministère de la culture proposant la liste en téléchargement.
Au contraire, si vous cherchez école d’arts plastiques, vous êtes renvoyés vers des écoles d’études supérieures. Quant à la page Wikipédia, elle réunit écoles supérieures et celles dont je vous parle. Mais le paragraphe dédié est minuscule. Il n’y a qu’une petite liste absolument pas exhaustive de quelques écoles. Le site du ministère de la culture n’en fait même pas mention.
Au niveau local, il y a plus souvent des sites internet pour les conservatoires que pour les écoles d’arts plastiques. Celle-ci se contentent souvent d’une page sur le site de la municipalité. C’est plus difficile de les faire connaître.
La renommée
Les conservatoires par leur nom, leur appartenance à un genre d’école, ont une renommée. C’est un gage de sérieux, un genre d’enseignement. Vous savez en y entrant que vous allez travailler dur. Les conservatoires ont une réputation.
Pour les écoles d’arts plastiques, non. Encore une fois, sans nom commun, il n’y a pas d’identité et donc de réputation. Les seules écoles sont celles des Beaux-Arts avec les ateliers libres. Mais dans ce cas, cela se rattache au nom école des Beaux Arts et donc aux études supérieures.
Petit exemple, dites ces deux phrases : J’ai fait le conservatoire. J’ai fait l’école d’arts plastiques. Laquelle des deux école vous paraît gage de qualité ? Et pourtant je le répète, il y a des enseignants et des cours d’excellente qualité dans les deux sortes d’établissement.
Les études supérieures
Maintenant prononcez ces phrases : J’ai fait le conservatoire. J’ai fait les Beaux Arts. À ce moment là vous avez le sentiment du même gage de qualité professionnelle. Et pourtant, il y a une différence majeure, le conservatoire est en parallèle de la scolarité alors que les Beaux-Arts forment après le bac. Et je trouve que c’est là une injustice flagrante.
Les musiciens, (théâtre et danse sont entre les deux) peuvent avoir une pratique de très haut niveau et poursuivre des études dans le domaine de leur choix. Les plasticiens, eux doivent se professionnaliser dans les arts-plastiques pour apprendre.
Les filières post bac arts-plastiques donnent des actifs surdiplômés (se former c’est long) et souvent endettés (il y a beaucoup d’écoles privées). Ils trouveront rarement un travail avec un salaire correspondant à leur niveau d’étude.
Les échecs
Il y a un nombre croissant d’étudiants dans le domaine des arts-plastiques (au sens large, animation, jeux vidéos, graphisme…). Et beaucoup aussi d’échecs, de changement de filière, après une ou plusieurs années d’études. Ce n’est pas étonnant.
Les étudiants ont attendu toute leur scolarité de pouvoir enfin se former correctement au dessin, à l’art ou à la sculpture. Certains déchantent parce qu’il y a une différence entre aimer les arts-plastiques et vouloir en faire son métier (et pouvoir en vivre).
Si il existait une formation égale au conservatoire, le choix des études post bac en arts-plastiques serait véritablement pris en connaissance de cause. De plus les études seraient moins longues puisque l’apprentissage aurait commencé bien avant.
Dans un premier temps, l’année de préparation aux écoles d’arts (un an post bac qui ne compte pas) pourrait être proposée en parallèle du lycée. La validation se ferait par un diplôme. Ainsi les lycéens pourraient rester dans la filière de leur choix tout en se préparant pour leurs études supérieures. Ça reste une de mes plus grandes frustrations quant à mes études.
La reconnaissance
Beaucoup de personnes ne se sentent pas légitimes dans les arts-plastiques s’ils n’ont pas fait d’études supérieures. Et pourtant, dans de nombreux métiers artistiques, c’est le book qui va compter. La pratique est donc plus importante que l’obtention du diplôme.
Je reviendrai dans un prochain article sur la question des études en art en France (bac professionnels et général, faculté, écoles privées écoles publiques).
Pour les musiciens, la légitimité va se traduire par plusieurs points : l’obtention des diplômes décernés par les conservatoires, la renommée des conservatoires, les professeurs auprès desquels ils ont étudiés. Mais aussi les concerts données, l’obtention de prix et finalement les prestations.
Une réforme des écoles d’arts plastiques
Il manque à ces écoles d’arts plastiques une identité commune. Cela passe par le nom, un réseau efficace avec une communication nationale, une visibilité sur internet. Il faut que l’enseignement proposé puisse être amateur mais aussi professionnel en parallèle de la scolarité.
Tous les élèves des conservatoire ne deviennent pas concertistes professionnels. Mais cela leur aura apporté beaucoup plus dans leur vie que la musique. Pourquoi cela ne serait réservé qu’aux élèves des conservatoires et pas à ceux des écoles d’arts-plastiques ?
Dernier point, les professeurs des conservatoires et des écoles d’arts plastiques, ainsi que des écoles des Beaux-arts ont le même grade de la fonction publique (assistant, professeur). C’est donc bien qu’on leur reconnaît la même capacité à offrir un enseignement de qualité.